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Psycho

    Ateliers Faber & Mazlish : apprendre le langage des enfants

    En 1996, après des études de médecine, Sophie Benkemoun part en famille vivre aux États-Unis. À l’école de ses enfants, elle découvre, lors d’une séance proposée par la psychologue scolaire, les ateliers d’Adele Faber et Elaine Mazlish, mondialement reconnues comme expertes dans la communication parents/enfants. En 2006, elle décide « d’importer » le concept en France et crée le site Web « L’Atelier des Parents ». Convaincue, elle n’a de cesse depuis d’organiser des conférences, d’animer des ateliers pour les parents et de dispenser des formations à destination des enseignants et des animateurs. Interview.

    Comment définir la « méthode » Faber et Mazlish ?
    Comme le disait le Dr H. Ginott, psychologue pour enfants et psychothérapeute, il s’agit « d’apprendre un nouveau langage ». La méthode Faber et Mazlich peut être comparée à une boîte à outils pour améliorer la communication et l’interaction entre parents et enfants. Mais attention : ces outils ne portent pas sur le fond de l’éducation. Nous n’avons ni la prétention ni la légitimité de dire aux parents comment éduquer leurs enfants. Chaque famille a ses codes, ses valeurs, ses références. Autant de modèles d’éducation sur lesquels nous ne portons aucun jugement.

    N’y a-t-il pas, néanmoins, des postulats éducatifs ?
    Si, bien sûr. Nous sommes contre la fessée, les punitions, les sarcasmes, les humiliations, l’autoritarisme… contre tout ce qui blesse et sape l’estime de soi. Le respect n’est pas une question d’âge. Un enfant a droit au respect, au même titre qu’un adulte. Ce qui ne veut pas dire que nous prônions le laxisme. Loin de nous l’idée de l’enfant roi ! Les parents sont responsables de l’éducation de leurs enfants et doivent savoir poser un cadre, des limites, avec des règles précises et des non « non négociables ». Mais là où notre méthode diffère, c’est dans la manière dont le cadre va être posé et appliqué. Pour que l’enfant reste acteur de sa vie, pour qu’il apprenne à se responsabiliser et à devenir autonome, nous expliquons qu’il doit être coauteur de ces règles établies et avoir une certaine marge de liberté à l’intérieur même de ce cadre. Prenons un exemple concret. Votre fils est autorisé à aller voir ses copains après l’école, deux fois par semaine. Vous allez alors décider ensemble du cadre : les heures à respecter, les moyens pour se déplacer, les activités autorisées, etc. Mais laisser certaines décisions à votre enfant : choisir ses amis, les jours dans la semaine, etc.

    Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de ce qui est abordé pendant les ateliers ?
    L’un des outils (appelés « habiletés ») importants, c’est d’apprendre à écouter et à accueillir les émotions de l’enfant. Car, si « tous les comportements ne sont pas acceptables », comme l’expliquait H. Ginott, en revanche « tous les sentiments sont légitimes ». Un grand frère a le droit de ne pas aimer sa petite sœur, de l’exprimer verbalement, et il a besoin d’être entendu sans être jugé. Mais il n’a pas à passer à l’acte en tapant sa sœur, par exemple. Savoir entendre les émotions de l’enfant aidera celui-ci à se soulager et à sortir du ressenti purement émotionnel pour entamer une réflexion et trouver des solutions. Et c’est d’ailleurs un autre point que nous enseignons aux parents : celui de laisser le temps à l’enfant de trouver lui-même des idées. De nos jours, de nombreux parents se sentent obligés d’être des « distributeurs » de solutions, de trouver une réponse à toutes les interrogations de leurs enfants, ayant peur que le vide n’angoisse leur progéniture (l’une des raisons pour lesquelles, au passage, certains jeunes, à l’adolescence, sont incapables d’être autonomes…). Alors que ces moments en suspens sont au contraire nécessaires à l’enfant pour mener sa propre réflexion.

    Quel est l’âge des enfants concernés ?
    Tous les âges sont concernés, même les adultes ! Il n’est pas rare que des participants m’expliquent que les outils que je leur donne leur servent également dans leur relation avec leurs conjoints. Quand on apprend à ne pas juger la personne, mais uniquement ses actes ou son comportement, à rester factuel, à ne pas blesser, à préserver l’estime de l’autre, cela peut s’appliquer à toutes les relations humaines. Même si l’idéal est de commencer très tôt, je suis convaincue qu’une prise de conscience n’arrive jamais trop tard, que « tout se joue avant la mort » et non pas « avant 6 ans », comme le dit le titre d’un célèbre livre sur l’éducation ! Néanmoins, pour coller au mieux à la réalité des enfants, j’ai mis en place des ateliers plus spécifiques pour les parents d’adolescents et, bientôt, pour les parents d’enfants de 0 à 3 ans.

    Comment se déroulent les ateliers ?
    Je précise que les ateliers sont à destination des parents et non pas des enfants ! Ils sont limités à 10 personnes au maximum, se décomposent en plusieurs thèmes* et se déroulent soit au travers de 7 séances, soit en journées complètes. Trois temps forts rythment ces rencontres qui s’appuient sur un manuel illustré où les outils sont mis en scène au travers de bandes dessinées (les Américains ont l’avantage d’être très pragmatiques !). Une première phase concerne « la prise de conscience » de la façon dont on parle et dont on se comporte avec les enfants ; la deuxième est consacrée à l’apprentissage des outils, et la dernière, à des exercices pratiques, sous forme de jeux de rôles, pour s’entraîner. Reste ensuite à les mettre en pratique à la maison et… à en débattre à la réunion suivante !
    * Voici les 6 thèmes abordés dans l’atelier « Parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » : L’accueil des sentiments – Susciter la coopération – Remplacer la punition – Encourager l’autonomie – L’estime de soi – Aider les enfants à cesser de jouer des rôles.

    La méthode est-elle infaillible ? N’y a-t-il pas des parents, ou des enfants, totalement réfractaires ?
    Participer à des ateliers Faber et Mazlich est souvent l’occasion d’une remise en question. Et celle-ci est plus ou moins forte, selon les personnes. Les thèmes abordés font écho parfois à l’éducation que certains parents ont eux-mêmes reçue et dont ils ont souffert. Et certains auront alors besoin de se réparer avant de pouvoir continuer l’atelier. Pour ce qui est de l’infaillibilité de la méthode du côté des enfants, je reprendrais les mots de H. Ginott : « un enfant qui se sent bien est un enfant qui se comporte bien ». Et je préciserai que le but n’est pas de rendre ses enfants souriants 24h/24 ! Cela n’existe pas. L’accueil des sentiments n’empêche pas la frustration qu’un enfant ressent, par exemple, lorsqu’il n’y a plus de gâteau. Quand j’interdis à mon aîné d’avoir un scooter après lui avoir exposé mes raisons, et que c’est un non « non négociable », cela ne lui évitera pas la douleur de la frustration. Mais accueillir ses émotions sans reproche l’aidera, à la longue, à mieux les gérer.

    Depuis que l’association a été créée en France, combien de parents ont participé à des ateliers ?
    En parallèle avec les ateliers pour les parents, j’anime également des formations pour devenir animateur. Depuis 7 ans, plus de 300 personnes ont suivi ce module et organisent à leur tour des ateliers. À nous tous, je pense que nous avons permis à quelque 15 000 parents de participer à un atelier Faber et Mazlich.

    Comment faites-vous connaître cette méthode autour de vous ?
    Je donne beaucoup de conférences. Dans les écoles auprès des parents d’élèves, dans les CAF, auprès d’associations de parents, de conseils généraux, de centres sociaux. Et le bouche à oreille fonctionne aussi très bien : de nombreux parents ayant participé à un atelier partagent avec enthousiasme leur expérience auprès de leurs amis.

    L’Éducation nationale s’intéresse-t-elle au sujet ?
    À la demande de nombreux enseignants, Adele Faber et Elaine Mazlich ont adapté leurs théories à l’enseignement. Leur ouvrage Parler pour que les enfants apprennent à la maison et à l’école donne ainsi des exemples concrets aux enseignants pour appliquer leur méthode en milieu scolaire. De mon côté, au travers de conférences dans les écoles, que celles-ci soient privées ou publiques, je fais la connaissance de nombreux instituteurs et professeurs qui ensuite viennent me voir pour approfondir le sujet. J’ai ainsi mis en place une formation de 3 jours à destination des enseignants (de la maternelle au lycée), que l’on peut faire financer par un organisme de formation. L’idéal serait, bien sûr, la création d’un module en amont, lors de la formation des enseignants…

    Pratique
    L’Atelier des parents proposent 2 ateliers : l’un, général, s’intitule « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », et l’autre, sur la fratrie « Enfants sans jalousie ni rivalité ». Il faut compter moins de 200 € au total pour les 7 séances.

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